Généralités sur les apprentissages.
Il ne faut pas réduire les apprentissages de votre chien aux
séances (plus ou moins fructueuses…) de marche en laisse ou à la résolution de
problèmes comportementaux. Votre chien apprend partout et tout le temps !
En effet à part si l’on excepte des comportements innés communs à l’espèce,
l’ensemble des réactions de votre toutou sont modelées par les apprentissages
et les expériences qu’il a pu avoir dans le passé, tantôt positives, neutres ou
négatives.
On peut définir les apprentissages comme les processus qui
induisent des changements adaptatifs du comportement d’un individu à la suite
d’expériences individuelles.
Selon les mécanismes mis en jeu, on distingue plusieurs
types d’apprentissages :
-Les
apprentissages latents : qui se mettent en place en absence de tout
renforcement.
Avez-vous remarqué
qu’à l’heure où vous vous installez pour lire ou travailler à votre bureau,
votre toutou vient trouver sa place au repos et reste au calme tant que la
situation perdure ? Il a appris que ce comportement était le plus adapté à
cette situation de calme…et cela sans renforcement volontaire de votre
part : vous ne l’avez jamais félicité ou récompensé pour ces comportements.
- Les
apprentissages non-associatifs : ce sont l’habituation et la sensibilisation.
On parle d’habituation lorsqu’un comportement disparait en réponse à la
répétition d’un stimulus qui n’est suivi d’aucun renforcement.
Lorsqu’un invité
arrive chez nous, notre chien réagit presque systématiquement, en aboyant,
reniflant, ou en faisant la fête. Mais avez-vous remarqué que les chiens qui
vivent dans un commerce ne réagissent pas à chaque entrée d’un client. Il n’y a
pas eu de récompense ou de punition, c’est juste la grande répétition du
stimulus (survenue d’un inconnu) qui fait que la réponse comportementale
s’éteint : c’est l’habituation.
- Les
apprentissages associatifs : ce sont les apprentissages par
« essai-erreur » et les conditionnements. Ce sont des processus,
comme le conditionnement classique de Pavlov, où votre toutou va associer une
situation, un ou des stimulus avec une réponse comportementale et un
renforcement.
Il est 20 heures, Médor
entend les croquettes tomber dans sa gamelle, il arrive immédiatement et
s’assoie devant vous… car il a appris que tant qu’il fait le fou autour de vous
rien ne se passera, mais qu’en revanche dès qu’il serait assis, on lui
donnerait sa gamelle. Et même si vous ne lui avez pas donné l’ordre
« assis », c’est bien un apprentissage associatif. Ici, la réponse
que choisit le chien (s’assoir) lui permettra d’accéder à une récompense qui
agit comme un renforcement.
Renforcements et punitions.
Les renforcements sont des processus qui ont pour but d’augmenter
la fréquence de survenue d’un comportement. On parle de punition pour les
techniques qui visent à faire diminuer ou disparaitre un comportement. Il
existe 2 types de renforcements et 2 types de punitions.
Le renforcement positif (R+) : qui consiste à ajouter un
stimulus gratifiant à la suite du comportement désiré. Celui-ci aura alors plus de
chance de se reproduire. C’est le principe de la récompense.
Mon
chien s’assoie dès que je lui en donne l’ordre : un morceau de fromage en
guise de récompense augmentera la probabilité de voir mon chien s’assoir la
prochaine fois que je le lui demanderai.
Le
renforcement négatif (R-) : qui consiste à soustraire un stimulus indésirable
dès que le chien effectue le comportement désiré. Celui-ci aura donc plus de
chance de se reproduire. On parle alors d’échappement
ou d’évitement.
Les
colliers étrangleurs ou plus récemment les colliers Halti induisent un stimulus
négatif lorsque le chien tire trop sur sa laisse. Dès que celui-ci se remet à
marcher au pied, il s’affranchi de ce stimulus négatif.
La
punition positive (P+) : qui consiste à imposer un stimulus indésirable dès la
survenue d’un comportement que l’on souhaite voir disparaitre. C’est la punition au sens habituel du terme.
Si
mon chien vient renifler mon assiette à table, une tape sur le museau sera un
stimulus négatif qui diminuera la probabilité de retour du museau sur la table.
La
punition négative (P-) : qui consiste à retirer un stimulus gratifiant lorsqu’un
comportement non désiré survient. On parle alors d’omission.
Par
exemple si votre chien est trop agité au moment de la gamelle et saute partout.
Demandez-lui un assis, s’il l’exécute, vous allez lui donner sa gamelle (c’est
un renforcement positif = récompense). Mais s’il ne reste pas assis et se remet
à sauter, remontez sa gamelle ! Le comportement non désiré (se relever et sauter)
a pour conséquence la perte d’un stimulus agréable : la gamelle n’est plus
disponible…c’est la punition négative qui vise à diminuer le comportement de
saut autour de la nourriture.
Attention,
les renforcements et les punitions doivent être à la hauteur de la motivation
de votre chien ! Pour une commande de assis ou couché, une grosse caresse
peut suffire à la récompense. Peut-être faudra-t-il se rabattre sur un peu de
jambon ou de fromage pour le récompenser d’avoir été sage pendant un soin
douloureux.
Attention,
ce n’est pas parce que votre chien apprend en permanence qu’il sait tout. Il
est donc inutile de punir votre chien qui ne vous obéit pas si celui-ci ne
CONNAIT pas l’ordre que vous lui demandez !! N’oubliez pas :
« ASSIS » et « ASSIED TOI » n’ont absolument rien à voir
pour un chien qui conjugue très mal notre langage.
Enfin, (SURTOUT)
commencez les apprentissages, quelle que soit la méthode choisie, dans un lieu
calme et peu stimulant. Il faut que tout se passe parfaitement bien dans une
situation idéale de concentration. Ça n’est que plus tard que vous mettrez en
pratique ces apprentissages dans une rue calme, puis un lieu passant et enfin
dans un lieu bruyant avec de nombreux chiens. Encore une fois, n’oubliez pas la
motivation de votre chien : il doit préférer travailler avec vous plutôt
que d’aller jouer avec ses copains-chiens. D’où l’intérêt de privilégier les
récompenses plutôt que les punitions, la peur et le stress !
Dr Antoine BOUVRESSE
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