samedi 28 décembre 2013

Enrichissement du milieu d'un perroquet...


Enrichissement du milieu d'un perroquet...

et du chacha...

 

Nos animaux domestiques vivent parfois dans un environnement confiné où il leur est difficile d'exprimer les comportements propres de leur espèce. Or cette limite dans l'expression des comportements naturels peut mettre en péril le bien-être de nos compagnons (Brambell, 1965).

 On parle d'aménagement de l'environnement lorsqu'on modifie le milieu animé ou inanimé d'un animal. C'est lorsque ces aménagements apportent une amélioration factuelle des conditions de vie d'UN INDIVIDU que l'on parle d' ENRICHISSEMENT du milieu de vie ( Newberry, 1995).

De très nombreuses modalités d'aménagement peuvent être envisagées: modification de la distribution de nourriture, des jeux, des interactions, etc...
Les aménagement de l'environnement auditif sont bien souvent propres à une espèce. 






Dans cette vidéo, des chants d'oiseaux (aménagement) semblent recevoir une réponse comportementale positive chez cette perroquet Gris du Gabon (enrichissement).

Mais le chacha profite aussi de ces stimulations auditives... même si cela a vraisemblablement une signification différente: il est en position ramassée, "caché" derrière une poutre, les pupilles sont dilatées. Il est possible que ces sons stimulent certains instinct de prédation. 

En revanche...pourquoi est-ce que Chacha cherche du regard des oiseaux à l'opposé de la source sonore (0'38) ?? ça c'est un mystère du cerveau de Chacha.


A. BOUVRESSE
(Chacha et Fiona)


vendredi 20 décembre 2013

Un Boston terrier "agressif" chez le vétérinaire


 Désensibilisation à la consultation vétérinaire.


Par certaines expériences traumatisantes, certains chiens (et chats) présentent des réactions de peurs chez le vétos. Certains parlent de phobies, on préfère le terme de sensibilisation. Ces manifestations peuvent être très violentes selon le tempérament du chien et la contrainte imposée. Ce chien, chez son vétérinaire habituel, commence à trembler avant de passer la porte du cabinet et attaque violemment à chaque prise de contact!!

Voici la première séance d'un Boston Terrier de 5 ans! Objectif: piqure sous cutanée sans contrainte dans 3 séances! Méthode: nouveaux apprentissages associatifs dans un contexte favorable. Processus: habituation!







Désolé pour les commentaires parfois stupides en cours de séance... ;)
Le plus important : le time-code et les attitudes du chien. La vidéo est un peu longue, mais je n'avais pas le cœur de la réduire plus. (Je ne serai pas vexé si vous l'accélérez!). A noter : la différence d'attitude entre les premières secondes et la toute fin de la séance.
Notez à 10'05 et 10'15 la réaction de recul immédiat pour un objet nouveau dans ce contexte ... ou qu'il associe aux visites vétérinaire précédentes.

Merci à Charlotte DURANTON, éthologue, qui m'a aidé à filmer cette séance! (Et à sa chienne Carrie qui a joué le rôle de facilitateur autour de la table de consultation)


Dr A. BOUVRESSE



mardi 17 décembre 2013

Médecine des collectivités: Stress , immunité et pathologies 2/2






Médecine de collectivités :

Stress, immunité et pathologies.


n'estNous avons vu dans la première partie de cet article quels étaient les liens entre le stress d'un individu ou d'une collectivité, les capacités immunitaires et le développement de maladies chroniques: dermatologie, reproduction, digestion... Dans cette seconde partie, volumineuse..., on passe à l'action:

Quels sont les signes objectifs de stress dans une collectivité? Comment les anticiper, les identifier?  Et comment tenter d'aménager l'environnement pour que chaque individu d'une collectivité trouve un milieu de vie de non stressant?


Manifestations comportementales du stress

Cette courte liste qui fait le lien entre bien-être et pathologies organiques est non exhaustive. Les signes d’anxiété sont nombreux, parfois subtils à observer et variables selon les individus d’une même espèce. C’est pourtant la recherche de ces signes comportementaux qui sont à prendre en compte en pratique.
Outre les pathologies évoquées, on citera : les conduites agressives exacerbées et / ou imprévisibles (signe de frustration),  l’inhibition ou retrait, animal tremblant ou haletant,  les comportements autocentrés, les stéréotypies (Mason, 2007 ; Mason et Rushen, 2008), changement du niveau d’activité, diminution des comportements de jeu, vocalisations, augmentation des mixions et des défécations (Breeda et al., 1997 ; Tuber et al., 1999 ; Rooney, 2009), coprophagie. Pourtant ces signes peuvent être d’expression variable selon les individus selon leur passif, leurs capacités cognitives, leur tempérament. Ainsi, ce sont les variations de ces comportements  (augmentation des vocalisations ou des comportements de léchage) chez un individu qui doivent nous alerter.

Les agents stresseurs :

Dès lors que le lien entre pathologies et stress a été établi, il convient d’identifier quels peuvent être les agents stresseurs. A un niveau strictement législatif, le bien-être des animaux en collectivités est censé être garanti par des normes de construction des locaux. Nous allons voir que les facteurs de stress sont en fait bien plus nombreux et complexes à définir. D’après Breeda et al. (1997) et Tuber et al. (1999), on peut citer : l’isolement / confinement, le bruit (surtout s’il est intense et non prévisible), les pertes de routines ou la nouveauté (modifications des horaires ou du personnel), l’absence de contrôle de l’environnement et enfin des évènements potentiellement traumatisants comme les transports, contentions, manipulations etc.


Stress et confinement

« Il est interdit d’enfermer les animaux de compagnie et assimilés dans des conditions incompatibles avec leurs nécessités physiologiques et notamment dans un local sans aération ou sans lumière ou insuffisamment chauffé ». « Pour les chiens de chenils, l’enclos doit être approprié à la taille de l’animal, mais en aucun cas cet enclos ne doit avoir une surface inférieure à 5 mètres carrés par chien et sa clôture ne devra pas avoir une hauteur inférieure à 2 mètres. Il doit comporter une zone ombragée » (Extrait de l’arrêté du 25 octobre 1982). 

Au-delà de l’aspect législatif, de nombreuses études ont mis en évidence que ces valeurs sont définies de manière arbitraire et ne s’adaptent pas à une mise en application concrète. 

Dans une étude menée sur 350 beagles, Andersen et Hart (1955) montrent une amélioration de la longévité lorsque les surfaces des chenils atteignent 3 m2 pour 2.5 centimètres de hauteur au garrot. La longueur  de la courette doit être le double de sa largeur pour favoriser les comportements sociaux.

Dans un chenil de 300 Bergers allemands, logés individuellement dans des logettes de 12 m2, une restructuration des locaux a permis d’appliquer les recommandations de Andersen et Hart (1955) soit des logements individuels de 78 m2. Prestat (1978) constate que les chiens sont « plus calmes » et que les aboiements ne se produisent plus que très rarement. Dernier fait important : la disparition des comportements stéréotypés.

Hetts et al. (1992) étudient l’influence du logement sur le comportement de chiens beagle. Ils montrent que lorsqu’ils sont logés individuellement, les chiens se déplacent significativement plus lorsqu’ils sont dans des courettes de moins de 11 m2. Ils notent également une réduction des nuisances sonores à partir de 11 m2. Enfin les chiens logés dans des courettes de 55 m2 manipulent plus les objets que ceux logés dans des chenils plus petits.


Stress et isolement.

Après avoir étudié l’influence de la surface sur le comportement en logement individuel, Hetts et al. vont former des binômes de chiens et les loger dans les conditions précédentes. Alors ils ne notent aucune différence d’activité motrice, que les binômes soient logés dans 55m2, 11m2 ou 4,3m2 ! Il semblerait alors que ce soit l’isolement social qui ait plus d’influence sur le bien-être que le confinement : la présence d’un congénère semble être plus importante que la mise à disposition d’une surface plus grande.

Andersen et Goldman (1960) montrent que le logement par paires est bénéfique à l’activité sociale, à la dépense physique des chiens, diminue les comportements d’aller et venus et les stéréotypies.

Breeda et al. (1998) mesurent les réponses physiologiques à une période d’isolement social et de confinement: Ils montrent une augmentation de la concentration de cortisol urinaire et salivaire et une prolifération de lymphocytes. Ce sont les signes d’un stress chroniques.

D’autres études montrent l’intérêt de l’hébergement en dyade ou en groupe (Wells, 2004; Rooney, 2009). Néanmoins il faut prendre en compte le degré de socialité des chiens et la « compatibilité » des individus pour diminuer le risque de générer des situations stressantes (conflits, blessures,…).
Si l’hébergement en dyade ou en groupe est impossible, il est important que les chiens gardent la possibilité d’un contact visuel. Les chiens hébergés seuls passent plus de temps dans la partie de l’enclos où ils peuvent apercevoir d’autres chiens (Wells et Hepper, 1998).


Stress et enrichissement du milieu.

On considère comme un enrichissement du milieu toute modification environnemental s’avérant bénéfique/améliorant le fonctionnement biologique de l’animal et amélioration du niveau de Bien Être (Newberry, 1995). Ces aménagements ne sont pas une simple augmentation du niveau de stimulation ou une complexification de l’environnement : ils doivent favoriser l’expression du répertoire comportemental de l’espèce.

Les niches qui sont obligatoires pour protéger les animaux des intempéries et du soleil, procurent également la possibilité de s’isoler. Elles peuvent aussi être imaginées comme des promontoires permettant au chien d’observer l’ensemble de l’enclos et de mieux contrôler son environnement (Hubrecht, 1993; Rooney, 2009). On envisage ainsi l’aménagement du chenil non plus en 2 mais en 3 dimensions.
 
 Le comportement de fourragement est à la fois un comportement exploratoire et alimentaire, il représente un budget-temps certain qui peut-être variable selon les espèces. Il peut être intéressant de favoriser ce comportement par des jouets distributeurs de nourriture. Schipper et al. (2008) étudient la répartition de la ration alimentaire par l’introduction d’un Kong TM : cette nouvelle méthode de distribution induit une diminution de la fréquence d’aboiement. Le retrait du Kong TM  induit augmentation taux de cortisol (Hihy et al. 2005).


Stress et contact humain.

Les interactions avec l’humains sont souvent rapportée comme une des meilleures méthodes d’ « enrichissement » (Tuber et al, 1999; Wells, 2004; Rooney, 2009).
 Néanmoins, il faut au préalable évaluer le degré et la nature de l’expérience avec humain pour éviter d’imposer des stimulations stressantes.
Un contact quotidien avec l’humain dès la première semaine qui suit l’arrivée dans un refuge induit une diminution considérable du taux de cortisol (Copppola et al. 2006). Ces valeurs sont aussi diminuées sur des chiens en chenil caressés quotidiennement (Hennessy et al. 1998). On notera que le taux de cortisol est plus bas lors d’interactions avec une femme inconnue que lors d’interactions avec un homme inconnu (Hennessy et al. 1997). La mise en place d’entraînements réguliers avec des renforcements positifs (récompenses alimentaires) ont un caractère prévisible et apaisant permettant un contrôle du chien sur l’environnement.


Pour conclure :


 Les pathologies organiques liées au stress sont facile à envisager lorsqu’elles surviennent suite à une modification des conditions de vie (logements, enrichissements, perte ou introduction d’un congénère…). La grande difficulté est de faire la part des choses lors de pathologies chroniques car elles risquent d’être considérées comme « normales »… il faut alors s’interroger sur la conduite d’élevage ET sur le facteur stress imposé aux individus…et ne pas considérer la situation comme une fatalité.

Hélas les études dans le domaine des collectivités canines sont trop rares pour pouvoir en tirer des généralités applicables à tous les élevages, contrairement à la situation des élevages de production porcins ou aviaires. Néanmoins toutes les études citées doivent être considérées comme des éléments majeurs de réflexion quant à l’organisation des collectivités canines. Elles doivent également inciter à l’observation des individus et des signes comportementaux de souffrance.
En terme de rentabilité et dans l’état actuel des connaissances scientifiques des collectivités de chiens, il est plus cohérent de viser à réduire les frais liés aux pathologies chroniques  dues au stress plutôt que d’envisager un abord productiviste qui vise à contrôler tous les facteurs de production (surface, hydrométrie, prophylaxies, aliments médicamenteux etc…).

De plus une approche intensive ne tient compte du bien-être animal que d’un point de vue législatif dont nous avons vu le caractère parfois imprécis, inadapté et arbitraire. Il y a fort à parier que ce type de démarche ne peut pas optimiser la « production » d’individus équilibrés, stables et socio-compétents. Il semble donc que des conduites d’élevage « extensives » où l’on observe le bien-être comportemental des individus donnent les meilleures chances de répondre aux demandes des acquéreurs de chiots de compagnie et par là même valorisent l’image d’excellence de l’élevage canin français.


Avec l'aide des chercheurs en éthologie du refuge AVA:
avarefuge76.com

Dr Antoine BOUVRESSE


dimanche 8 décembre 2013

Familiariser des chiots au milieu urbain

 

 Première séance de familiarisation d'une portée 

de chiots aux stimulations urbaines


Lana a eu une portée de 10 chiots!! Ils ont aujourd'hui un peu plus de 3 semaines!

C'est l'heure pour eux de commencer la familiarisation aux stimulus d'un environnement urbain.

Il faut avant tout prendre grand soin de pouvoir contrôler les niveaux de stimulation ET de bien observer les réactions comportementales de Maman qui ne doit pas avoir de réaction de stress.

Voici le film de cette petite expédition avec Fanette Barraya, responsable carnivores du refuge AVA.






             avarefuge76.com






Dr Antoine BOUVRESSE



mercredi 4 décembre 2013

La stimulation Neurologique Précoce (ENS)

 

 

La stimulation Neurologique Précoce 

(Early Neurological Stimulation)

Traduction de l'article du Dr Carmen BATTAGLIA.



Aussi étonnant que cela puisse paraître, les aptitudes n'expliquent pas à elles seules les différences entre individus, car un grand nombre d'entre eux semblent avoir bien plus de capacités qu'ils n'en utiliseront jamais. Les différences qui existent entre les individus semblent liés à quelque chose d'autre. Ceux qui surpassent les autres semblent avoir en eux la capacité d'utiliser des ressources cachées. En d'autres termes, c'est ce qu'ils sont capables de faire avec ce qu'ils ont qui fait la différence.

Dans de nombreuses conduites d'élevage, tout le processus de sélection et de gestion est basé sur la croyance que les performances sont héréditaires. De grands noms de la science comme Charles Darwin et Francis Galton ont essayé d'analyser les bases génétiques de ces performances de manière globale. Mais c'est seulement depuis ces dernières décennies que l'estimation de l'héritabilité des performances se base sur des données valides. Cunningham (1991), dans son étude sur les chevaux, montre que pour quantifier la transmission des performances, il faut utiliser les données du Timeform (Publication britannique qui recense les performance des chevaux de course sur l'année, N.D.T.) et les mesures effectuées sur des groupes de chevaux composés de demi-frères et de demi-soeurs. Ces données montrent une héritabilité des performances pour la course de 35%. En d'autres termes, seules 35% des variations observables dans les performances à la course sont dues à des facteurs hérités, les 65% restantes sont attribuées à l'entrainement, la gestion et la nutrition.  Bien que limité aux chevaux, le travail de Cunningham fourni une bonne base pour comprendre ce que les éleveurs peuvent attendre de la génétique et des pedigrees.

Les chercheurs ont étudié ces phénomènes d'héritabilité et ont cherché de nouvelles manières de stimuler les individus pour qu'ils utilisent au mieux leurs capacités.Certaines de ces méthodes ont produit des effets à long terme chez les animaux. Aujourd'hui, une grande partie des différences inter-individuelles peuvent être expliquées par l'utilisation de méthodes de stimulation précoce.


INTRODUCTION

Depuis des centaines d'années, l'homme a utilisé de nombreuses méthodes pour améliorer les performances des animaux domestiques. Certaines de ces méthodes sont encore d'actualité, d'autres n'ont pas passé l'épreuve du temps. Les premiers à s'être intéressé à ce sujet pensaient que le plus jeune âge était la période la plus important pour les stimulations car la croissance et le développement y sont rapide. Aujourd'hui nous savons que pendant le jeune âge, l'organisme immature est susceptible de recevoir et de répondre à un certain nombre de stimuli bien définis. Beaucoup d'études sont orientées vers les premiers mois de vie car on sait qu'ils sont déterminants pour un individu.

Ils existe de nombreuses différences entre les chiots nouveaux nés et les chiens adultes. A la naissance, leurs yeux sont fermés et leur système digestif immature requiert des stimulations régulières de leur mère qui les lèche pour favoriser la digestion. A cet age, ils sont uniquement capables de sentir les odeurs, de téter et de se déplacer en rampant. La température corporelle est maintenue en restant au contact de la mère ou des autres chiots de la portée. Pendant ces quelques premières semaine d'immobilité, les chercheurs ont montré que ces chiens immatures et sous-développés étaient sensibles à des types restreints de stimuli comme les stimulations tactiles ou thermiques, les mouvements et les déplacements.

D'autres mammifères, comme le rat ou la souris naissent avec des capacités limitées et ont, eux aussi, montré une sensibilité similaire aux effets de la stimulation précoce. Des études ont montré qu'en retirant les nouveaux nés du nid pour une durée de 3 minutes pendant les 5 à 10 premiers jours de vie, on crée une hypothermie. Cette forme de stress modéré suffit à stimuler les systèmes hormonaux, adrénergiques et pituitaires. Ces individus, une fois adultes, sont testés et sont plus aptes à supporter le stress que les individus de la même portée qui n'ont pas été exposés aux exercices de stress précoce. En effet, en tant qu'adultes, il répondent au stress de manière graduelle, alors que les adultes non précocement stressés de la fratrie répondent de manière "binaire".
 [...]

L'armée américaine, dans son programme cynotechnique a développé une méthode qui sert toujours de référence pour ces travaux. Afin d'améliorer les performance des chiens militaires, un programme baptisé "Bio Sensor" a été mis en place. Plus tard, il a été connu du grand public en tant que Programme "Super Dog". Basé sur de nombreuses années de recherche, l'armé a appris que les exercices de stimulation neurologique précoce pouvait avoir des effets importants et durables. Leurs études ont confirmé qu'il existe des périodes précoces durant lesquelles la stimulation neurologique donne des résultats optimum.
La première période dure du 3ème jour de vie jusqu'au 16ème jour. On pense que c'est parce que c'est une période de croissance et de développement neurologique rapide qu'elle est si importante pour l'avenir des chiots.

Le programme "Bio Sensor" avait déjà commencé à étudier le stimulation neurologique précoce pour conférer aux chiens de meilleures performances. Il est composé de 6 exercices conçus pour stimuler le système neurologique. Chacun de ces exercices doit être effectué aux chiots une fois par jour. Ils doivent être manipulés chacun à leur tour pour effectuer une série de 5 exercices. Chaque série doit être accomplie entièrement avant de commencer la manipulation d'un autre chiot.

La manipulation quotidienne de chaque chiot est composée des exercices suivants:







1) Stimulation tactile: (entre les orteils): prendre le chiot dans une main, le manipulateur stimule doucement (chatouille) le chiot entre les orteils d'une des pattes avec un coton-tige. Il n'est pas nécessaire de voir le chiot ressentir les stimulations. Durée de la stimulation: 3 à 5 secondes.











2) Tête portée droite: avec les deux mains, le chiot est porté perpendiculaire au sol (debout) pour que sa tête soit portée verticalement à ses fesses. Durée de la stimulation: 3 à 5 secondes.














3) Tête vers le bas: en tenant fermement le chiot à deux mains, la tête est basculée vers le bas pour être orientée vers le sol. Durée de la stimulation: 3 à 5 secondes.











4) Position couchée: porter le chiot de manière à ce que son dos soit contre la paume des deux mains, museau pointé vers le plafond. Le chiot est autorisé à dormir pendant qu'il est sur le dos. Durée de la stimulation: 3 à 5 secondes.












5) Stimulation thermique: utiliser une serviette humide qui aura été refroidie dans un réfrigérateur pendant au moins 5 minutes. Placer le chiot sur la serviette, sur le ventre. Ne pas restreindre ses mouvements. Durée de la stimulation: 3 à 5 secondes.










Ces 5 exercices vont produire des stimulations neurologiques car aucun d'entre eux n'est naturellement présent à cette age précoce. L'expérience montre que parfois, les chiots résistent aux manipulations, alors que d'autres semblent s'en désintéresser. Dans les deux cas, les précautions suivantes s'imposent:

Les exercices ne doivent pas être répétés plus d'une fois par jour et la durée recommandée pour chaque exercice. Une sur-stimulation du système nerveux peut avoir des effets inverses et délétères. Ces exercices influencent le système nerveux central en le mettant en action avant ce qui serait normalement attendu. Le résultat est une augmentation des capacités et des performances à l'age adulte. Ceux qui jouent et manipulent régulièrement leurs chiots peuvent garder ces habitudes car la stimulation neurologique précoce ne se substitue pas aux manipulation courantes, aux jeux et autres caresses.

Les bénéfices de la stimulation:

 

5 effets bénéfiques ont été observés chez les chiens qui ont été exposés aux exercices de stimulation du programme "Bio Sensor".

1) Des performances cardio-vasculaires améliorées (Fréquence cardiaque)
2) Un battement cardiaque plus fort (contractilité: N.D.T)
3) Des glandes surrénales plus performantes
4) Une plus grande tolérance au stress
5) Une meilleur résistance aux maladies infectieuses

Dans les épreuves d'apprentissage, les chiots stimulés sont plus actifs et plus explorateurs que les chiots de la même portée qui n'ont pas été stimulés, vis-à-vis desquels ils sont dominants dans des situations de compétition.

Des effets secondaires ont également été notés dans les tests de performance. Dans un labyrinthe, les chiots non stimulés sont plus agités, pleurent, et font de nombreuses erreurs. Les chiots stimulés de la même portée sont moins perturbés par les conditions expérimentales, sont plus calmes, font moins d'erreurs et n'émettent qu'occasionnellement des vocalisations de stress.

Conclusion

Les éleveurs peuvent désormais utiliser les connaissances disponibles pour améliorer les performances de leurs chiots. Généralement, la génétique représente 35% des performances, mais les 65% restant (entrainement, gestion et nutrition) peuvent faire la différence. Concernant la gestion des portées, les éleveurs doivent éviter à tout prix autant l'hypo que l'hyper stimulation. Plutôt que d'ignorer les chiots pendant leurs 2 premiers mois de vie, une approche alternative serait de les exposer à des enfants, des adultes, des jouets et d'autres animaux régulièrement. Les manipuler et toucher toute les parties de leur corps est également une partie nécessaire de leur éducation qui peut débuter dès le 3ème jour. Les chiots qui sont manipulés précocement et régulièrement sont généralement tolérants à la manipulation.

La sous-stimulation des chiots comporte de nombreux risques. Une approche prudente de l'utilisation des avantages des trois techniques (stimulation neurologique précoce, socialisation et enrichissement) a été proposée en se basant principalement sur les études d'Arskeusky, Kellogg, Yearkes et sur le programme "Bio Sensor" (connu plus tard comme le Programme "Super Dog ").

La recherche autant que l'expérience ont démontré les effets bénéfiques de la stimulation neurologique précoce, de la socialisation, et des enrichissements de l'environnement. Chacun de ces procédés a été utilisé pour améliorer les performances et pour expliquer les différences entre individus, leurs capacités à l'entrainement, leur santé, leur potentiel. L'effet cumulatif de ces 3 étapes de maturation est bien documenté. Lorsqu'ils sont correctement utilisés, ces procédés servent au mieux les intérêts du maître qui recherche un haut niveau de performance. Chacun a un effet cumulatif et contribue au développement et au potentiel d'un individu.



Bibliographie: 

• Battaglia, CL, «Loneliness and Boredom" Doberman Quarterly, 1982
• Kellogg, WN & Kellogg The Ape and the Child, New York: McGraw Hill
• Scott et Fuller, (1965) Dog Behavior-The Genetic Basics, University Chicago Press
• Scott, J.P., Ross, S., A.E. et King D.K. (1959) The Effects of Early Enforced Weaning
Behavior of Puppies, J. Genetics Psychologue, p 5: 261-81.


Article du Dr Carmen BATTAGLIA: "Early Neurological Stimulation"

Traduit par Dr A. BOUVRESSE



mardi 3 décembre 2013

Killer Cat attaque un malinois

 

Un chat tueur de chiens attaque un malinois!!


Juste un courte vidéo de mon sale chat... une journée sans sortir...et le voilà transformé en chat d'attaque!!! C'est de ma faute, il n'avait pas eu sa dose de papillons aujourd'hui....




samedi 30 novembre 2013

Médecine des collectivités: Stress , immunité et pathologies 1/2



Médecine de collectivités :



Stress, immunité et pathologies.


Pathologies des collectivités et bien-être animal.

 

 Le lien entre les pathologies des collectivités et la notion de bien-être / souffrance animale peut ne pas sembler évident au premier abord. En effet, ces deux problématiques des groupements d’animaux, bien que très souvent évoquées, sont presque toujours traitées de manière indépendante et cloisonnée.

 D’une part, on peut dresser une « liste » de maladies (digestives, parasitaires, infectieuses,…) avec leurs étiologies, symptômes, et traitements, et dans le cas des collectivités, des stratégies médicales ou de conduite d’élevage pour les éviter. On notera que dans tous les cas, ces pathologies ont un caractère cyclique et/ou chronique sur lequel nous reviendrons plus loin.

D’autre part, le bien-être animal peut se définir selon différentes approches. Une approche « affective » que chacun peut définir selon sa sensibilité, souvent teintée d’anthropomorphisme. Une approche scientifique qui définit, par des critères mesurables et des études rigoureuses, les facteurs qui influencent le bien-être des individus. Et une approche législative, qui d’après les études précédentes définit les critères et les conditions d’élevage et de transport de différentes espèces (surfaces et revêtements des chenils, aménagements, etc…). Ces mesures législatives doivent assurer l’absence de souffrance des individus dans une collectivité…elles sont connues de tout professionnel.

Y-a-t-il un lien entre le bien-être animal et la « liste » des pathologies des collectivités ?


Bien-être animal et stress / stress et pathologies médicales.


Si l’on regroupe des différentes approches du bien-être (affectif, scientifique et législatif) on peut synthétiser la  définition suivante : « le bien-être animal est la possibilité pour un individu d’exprimer les comportements propres à son espèces ».

 Il y a dans cette définition une notion de BESOINS qui sont hiérarchisés (Broom et Johson, 1993). A un premier niveau : il s’agit de la liberté de manger, boire, dormir. A des niveaux moins "fondamentaux" : la possibilité d’avoir des activités exploratoires, des interactions sociales, de vivre sans douleur ni maladie (Hurnik et Lehman, 1985). Ainsi le premier lien entre bien-être et pathologies, c’est que la maladie crée la souffrance. Mais nous allons voir également que le manque de bien-être engendre la maladie.

Le lien qui fait qu’un animal en situation de mal-être va développer une pathologie médicale, c’est le STRESS.

Le stress, dans sa définition physiologique, est un phénomène adaptatif : il sert à rétablir un équilibre lors de la modification de l’environnement d’un individu (Hans Selye, 1956).



 


 Lors d’une modification soudaine de l’environnement, le cerveau envoie des informations qui vont activer l’hypothalamus. Cette glande va à son tour stimuler la glande médullo surrénale par un neurotransmetteur. La conduction est extrêmement rapide puisqu’elle se fait à la vitesse d’un influx nerveux. La finalité de cette chaine d’activation est la sécrétion par la médullo surrénale d’une hormone libérée dans le sang : l’ADRÉNALINE. Cette dernière va mobiliser les réserves énergétiques de l’individu, stimuler sa vigilance et lui permettre de répondre au stimulus stressant (fuite, agression, …) et de s’y adapter pour un retour à « l’équilibre ». C’est la PHASE D’ALARME, ou STRESS AIGÜE.



 


Si l’agent stressant persiste ou si l’animal n’a pas les capacités cognitives pour s’y adapter (pas de retour à l’équilibre), la cascade nerveuse est modifié et aboutit au cortex de la glande surrénale qui va libérer dans le sang des GLUCOCORTICOÏDE (cortisone naturelle). Ces derniers permettent une mobilisation des réserves énergétiques à long terme. C’est la PHASE DE RÉSISTANCE ou STRESS CHRONIQUE.







Enfin la PHASE D'ÉPUISEMENT apparait lorsque l’animal ne s’adapte pas à son environnement et que ses ressources physiologiques deviennent insuffisantes. Le taux de glucocorticoïdes circulant devient excessif. 


Les conséquences sont l’apparition de pathologies et de déficiences : immunosuppression (Dantzer et Kelley, 1989), atteintes tissulaires, diminution de la neurogenèse…

Stress et gastroentérologie

 

Les manifestations digestives les plus fréquentes d’un stress chronique sont les vomissements et les diarrhées.

 Les vomissements chroniques liés au stress, lorsqu’ils ont lieu à jeun, sont liés à une acidité gastrique trop importante induite par la cascade hormonale du stress. On parle de gastrite qui peut évoluer en ulcères de la muqueuse de l’estomac. 
Les vomissements survenant juste après une consommation d’aliments ou d’eau en très grande quantité sont apparentés à des régurgitations et doivent faire penser à des troubles anxieux de type boulimie ou potomanie. Il faut évidemment exclure toute cause organique de vomissements avant de conclure à une cause comportementale.

Les diarrhées liées au stress sont très fréquentes. Elles peuvent être liées soit à l’effet direct du système immunitaire sur les muqueuses digestives (côlon irritable) soit à une plus grande réceptivité d’un individu aux pressions microbiennes ou parasitaires de l’environnement à cause de la baisse de l’efficacité de ses défenses immunitaires. 

Stress et dermatologie

 

C’est la conduite d’élevage qui détermine la pression écologique des ectoparasites sur la collectivité.

 Néanmoins un stress chronique peut conduire à « dérégler » le système immunitaire et exacerber les manifestations allergiques cutanées (puces, allergies de contact, pollens...) et induire un prurit important et des lésions dermatologiques majeures et récidivantes. A son tour, le prurit et la douleur qu’il entraine peut induire une situation de souffrance…
En dehors de toute réaction allergique, certaines lésions de la peau peuvent être causées par des comportements auto centrés excessifs : on parle alors de plaies de léchage bien souvent chroniques. Elles sont un signe majeur de mal-être.




Alopécie extensive féline psychogène chez un chat vivant exclusivement en intérieur et présentant de nombreux signes d'anxiété.

Stress et reproduction

 

De très nombreuses études permettent de mettre en évidence un lien direct entre un état d’anxiété chronique et des difficultés de conduite de reproduction. Les modifications hormonales induites entrainent des retards de chaleur et/ou des saillies non fécondantes. Dans ces situations, le développement comportemental des chiots, au contact avec une mère anxieuse et dans un milieu non propice à l’exploration, ne leur permettra pas de développer des capacités cognitives optimales et de produire des chiots avec de bonnes capacités adaptatives.

Stress et pathologies virales

 

Comme vu précédemment, le stress chronique induit une plus grande réceptivité des individus aux microbes et l’expression de pathologies entre autres virales. Dans le cadre des collectivités, le grand pouvoir de contagion des virus entraine souvent une épidémie.
 Si un individu nouvellement introduit dans un élevage et non compétant face aux virus de ce système écologique développe des symptômes (Toux de chenil, entérite virale…), il va excréter une très grande quantité de virus qui vont contaminer l’ensemble de l’élevage.
 Dans ce cas c’est l’introduction d’un nouvel individu « innocent » qui modifie la pression microbienne de la collectivité, et « seule » la gestion d’élevage est à mettre en cause.

 Mais en dehors de l’introduction d’un nouvel individu, un animal immunodéprimé pourra avoir le même rôle d’excréteur-contaminant pour toute la collectivité. Cette fois il faut envisager l’hypothèse du stress chronique pour expliquer CES épidémies.



Mais ça n'est pas parce que le stress PEUT induire des maladies chroniques qu'il est systématiquement en causes dans les maladies collectives récidivantes!! Dans la suite de cet article, je développerai les signes comportementaux de stress qui peuvent être objectivés, les facteurs clefs sur lesquels peuvent porter les aménagements d'une refuge ou d'un élevage (isolement, hébergement, manipulations, manque de prévisibilité etc...)



 Dr BOUVRESSE Antoine