Est-ce que la domestication affecte l’inhibition (inhibition control) ?
Comparaison de chiens et de loups élevés dans les mêmes conditions dans deux différents tests d’inhibition.
S. Marshall-Pescini,
Zs. Viranyi, F. Range.
(Traduction et notes
de conférence du Canine Science Forum 2014, Lincoln, UK)
Le contrôle inhibiteur peut être
défini par le blocage d’une réponse impulsive en faveur d’une alternative plus
appropriée. Il est considéré comme un mécanisme important qui permet aux
animaux de réguler leur comportement dans un contexte social ou de recherche de
nourriture. De plus on suppose que ce mécanisme d’inhibition est crucial pour
les espèces prédatrices, en particulier celles chassant en groupe (Bailey et
al., 2013).
Dans cette étude, deux espèces
sont testées : le chien et le loup, qui, en liberté, montrent de
nombreuses similitudes dans leur organisation sociale, mais qui diffèrent
grandement dans leurs comportements de recherche alimentaire. Les loups se
nourrissent principalement en chassant en groupe, alors que les chiens chassent
peu, mais passent beaucoup de temps à fourrager sur des sites prédéfinis comme
les zones de déchets humains (Butler et al. 2004 ; Manor & Saltz
2004).
En partant de l’hypothèse que le
contrôle inhibiteur d’une espèce est fortement corrélé à sa stratégie de
recherche de nourriture, on pourrait supposer que les loups soient plus
performants que les chiens lors de test nécessitant un contrôle inhibiteur. Toutefois,
des hypothèses récentes ont mis en évidence que le processus de domestication aurait
également pu sélectionner des individus au tempérament moins réactif (Hare et
al. 2005 ; 2012) ou acceptant plus facilement l’humain en supprimant les
réactions immédiates de peur à la faveur de récompenses différées (Gacsi et
al., 2009).
Dans cette étude, un groupe de
chiens (N=16) et un groupe de loups (N=16) élevés dans les même conditions sont
testés pour deux taches requérant un
contrôle inhibiteur : le test du détour (Pongracz et al., 2001) et le test
du cylindre (Bray et al., 2013).
Dans le test du détour, une récompense alimentaire est placée derrière
un obstacle « en V » qui permet au chien de voir la friandise. Il
doit contourner la grille (s’éloigner de la friandise) pour pourvoir l’obtenir.
Dans le test du cylindre, une récompense est placée
dans un tube cylindrique transparent. Pour l’obtenir, le chien ne doit pas se
focaliser sur l’objet, mais s’en éloigner pour aller le chercher par le coté
ouvert du tube
Les résultats du test du cylindre
montrent que les loups sont moins performants que le groupe de chiens (p=
0,01). Mais on obtient des résultats opposés dans le test du détour où les
loups montrent un délai de succès plus court (p= 0,037), et persévèrent moins
longtemps devant la clôture (i.e. :
qu’ils contournent plus vite) (p=0,016).
Il n’y a pas de corrélation entre
les performances aux deux différents tests, ni chez les chiens (rho= 13, p= 0,69),
ni chez les loups (rho= 0,42, p= 0,14).
La discussion de cette expérience porte sur les raisons
potentielles de ces résultats opposés dans les deux tests qui visent tous les deux à
mesurer le contrôle inhibiteur (par exemple l’effet d’un entrainement préalable
des chiens au test du cylindre?).
Il est également possible que les deux
hypothèses (mode de recherche de nourriture vs. Domestication) soient vraies mais
que les tests entrepris ne quantifient pas exactement le même processus
d’inhibition.
Retrouvez d'autres Compte rendu de conférences du Canine Science Forum sur le site de la Société Francophone de Cynotechniqe: www.sfcyno.com
Dr Antoine BOUVRESSE
Vétérinaire
comportementaliste DENVF
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