samedi 30 novembre 2013

Médecine des collectivités: Stress , immunité et pathologies 1/2



Médecine de collectivités :



Stress, immunité et pathologies.


Pathologies des collectivités et bien-être animal.

 

 Le lien entre les pathologies des collectivités et la notion de bien-être / souffrance animale peut ne pas sembler évident au premier abord. En effet, ces deux problématiques des groupements d’animaux, bien que très souvent évoquées, sont presque toujours traitées de manière indépendante et cloisonnée.

 D’une part, on peut dresser une « liste » de maladies (digestives, parasitaires, infectieuses,…) avec leurs étiologies, symptômes, et traitements, et dans le cas des collectivités, des stratégies médicales ou de conduite d’élevage pour les éviter. On notera que dans tous les cas, ces pathologies ont un caractère cyclique et/ou chronique sur lequel nous reviendrons plus loin.

D’autre part, le bien-être animal peut se définir selon différentes approches. Une approche « affective » que chacun peut définir selon sa sensibilité, souvent teintée d’anthropomorphisme. Une approche scientifique qui définit, par des critères mesurables et des études rigoureuses, les facteurs qui influencent le bien-être des individus. Et une approche législative, qui d’après les études précédentes définit les critères et les conditions d’élevage et de transport de différentes espèces (surfaces et revêtements des chenils, aménagements, etc…). Ces mesures législatives doivent assurer l’absence de souffrance des individus dans une collectivité…elles sont connues de tout professionnel.

Y-a-t-il un lien entre le bien-être animal et la « liste » des pathologies des collectivités ?


Bien-être animal et stress / stress et pathologies médicales.


Si l’on regroupe des différentes approches du bien-être (affectif, scientifique et législatif) on peut synthétiser la  définition suivante : « le bien-être animal est la possibilité pour un individu d’exprimer les comportements propres à son espèces ».

 Il y a dans cette définition une notion de BESOINS qui sont hiérarchisés (Broom et Johson, 1993). A un premier niveau : il s’agit de la liberté de manger, boire, dormir. A des niveaux moins "fondamentaux" : la possibilité d’avoir des activités exploratoires, des interactions sociales, de vivre sans douleur ni maladie (Hurnik et Lehman, 1985). Ainsi le premier lien entre bien-être et pathologies, c’est que la maladie crée la souffrance. Mais nous allons voir également que le manque de bien-être engendre la maladie.

Le lien qui fait qu’un animal en situation de mal-être va développer une pathologie médicale, c’est le STRESS.

Le stress, dans sa définition physiologique, est un phénomène adaptatif : il sert à rétablir un équilibre lors de la modification de l’environnement d’un individu (Hans Selye, 1956).



 


 Lors d’une modification soudaine de l’environnement, le cerveau envoie des informations qui vont activer l’hypothalamus. Cette glande va à son tour stimuler la glande médullo surrénale par un neurotransmetteur. La conduction est extrêmement rapide puisqu’elle se fait à la vitesse d’un influx nerveux. La finalité de cette chaine d’activation est la sécrétion par la médullo surrénale d’une hormone libérée dans le sang : l’ADRÉNALINE. Cette dernière va mobiliser les réserves énergétiques de l’individu, stimuler sa vigilance et lui permettre de répondre au stimulus stressant (fuite, agression, …) et de s’y adapter pour un retour à « l’équilibre ». C’est la PHASE D’ALARME, ou STRESS AIGÜE.



 


Si l’agent stressant persiste ou si l’animal n’a pas les capacités cognitives pour s’y adapter (pas de retour à l’équilibre), la cascade nerveuse est modifié et aboutit au cortex de la glande surrénale qui va libérer dans le sang des GLUCOCORTICOÏDE (cortisone naturelle). Ces derniers permettent une mobilisation des réserves énergétiques à long terme. C’est la PHASE DE RÉSISTANCE ou STRESS CHRONIQUE.







Enfin la PHASE D'ÉPUISEMENT apparait lorsque l’animal ne s’adapte pas à son environnement et que ses ressources physiologiques deviennent insuffisantes. Le taux de glucocorticoïdes circulant devient excessif. 


Les conséquences sont l’apparition de pathologies et de déficiences : immunosuppression (Dantzer et Kelley, 1989), atteintes tissulaires, diminution de la neurogenèse…

Stress et gastroentérologie

 

Les manifestations digestives les plus fréquentes d’un stress chronique sont les vomissements et les diarrhées.

 Les vomissements chroniques liés au stress, lorsqu’ils ont lieu à jeun, sont liés à une acidité gastrique trop importante induite par la cascade hormonale du stress. On parle de gastrite qui peut évoluer en ulcères de la muqueuse de l’estomac. 
Les vomissements survenant juste après une consommation d’aliments ou d’eau en très grande quantité sont apparentés à des régurgitations et doivent faire penser à des troubles anxieux de type boulimie ou potomanie. Il faut évidemment exclure toute cause organique de vomissements avant de conclure à une cause comportementale.

Les diarrhées liées au stress sont très fréquentes. Elles peuvent être liées soit à l’effet direct du système immunitaire sur les muqueuses digestives (côlon irritable) soit à une plus grande réceptivité d’un individu aux pressions microbiennes ou parasitaires de l’environnement à cause de la baisse de l’efficacité de ses défenses immunitaires. 

Stress et dermatologie

 

C’est la conduite d’élevage qui détermine la pression écologique des ectoparasites sur la collectivité.

 Néanmoins un stress chronique peut conduire à « dérégler » le système immunitaire et exacerber les manifestations allergiques cutanées (puces, allergies de contact, pollens...) et induire un prurit important et des lésions dermatologiques majeures et récidivantes. A son tour, le prurit et la douleur qu’il entraine peut induire une situation de souffrance…
En dehors de toute réaction allergique, certaines lésions de la peau peuvent être causées par des comportements auto centrés excessifs : on parle alors de plaies de léchage bien souvent chroniques. Elles sont un signe majeur de mal-être.




Alopécie extensive féline psychogène chez un chat vivant exclusivement en intérieur et présentant de nombreux signes d'anxiété.

Stress et reproduction

 

De très nombreuses études permettent de mettre en évidence un lien direct entre un état d’anxiété chronique et des difficultés de conduite de reproduction. Les modifications hormonales induites entrainent des retards de chaleur et/ou des saillies non fécondantes. Dans ces situations, le développement comportemental des chiots, au contact avec une mère anxieuse et dans un milieu non propice à l’exploration, ne leur permettra pas de développer des capacités cognitives optimales et de produire des chiots avec de bonnes capacités adaptatives.

Stress et pathologies virales

 

Comme vu précédemment, le stress chronique induit une plus grande réceptivité des individus aux microbes et l’expression de pathologies entre autres virales. Dans le cadre des collectivités, le grand pouvoir de contagion des virus entraine souvent une épidémie.
 Si un individu nouvellement introduit dans un élevage et non compétant face aux virus de ce système écologique développe des symptômes (Toux de chenil, entérite virale…), il va excréter une très grande quantité de virus qui vont contaminer l’ensemble de l’élevage.
 Dans ce cas c’est l’introduction d’un nouvel individu « innocent » qui modifie la pression microbienne de la collectivité, et « seule » la gestion d’élevage est à mettre en cause.

 Mais en dehors de l’introduction d’un nouvel individu, un animal immunodéprimé pourra avoir le même rôle d’excréteur-contaminant pour toute la collectivité. Cette fois il faut envisager l’hypothèse du stress chronique pour expliquer CES épidémies.



Mais ça n'est pas parce que le stress PEUT induire des maladies chroniques qu'il est systématiquement en causes dans les maladies collectives récidivantes!! Dans la suite de cet article, je développerai les signes comportementaux de stress qui peuvent être objectivés, les facteurs clefs sur lesquels peuvent porter les aménagements d'une refuge ou d'un élevage (isolement, hébergement, manipulations, manque de prévisibilité etc...)



 Dr BOUVRESSE Antoine



1 commentaire:

  1. Bonjour
    Nous avons un Shih Tzu male de 8 ans depuis peu il s enfuis régulièrement par le miindre trou pour aller voir d'autre chien sui sont dans l rue voisine .
    Est ce que la castration chimique pourrais éviter que il ai envie de s échapper ?
    Merci d avance

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